En cette journée internationale du droit des femmes, nous ne pouvions manquer l’occasion de mentionner un de nos modèles, la designer Charlotte Perriand.
Dans le monde du design et de l’architecture, elle est une icône et pourtant, la plupart des gens ne la connaissent pas. Sa place dans l’histoire est restée trop longtemps dans l’ombre de ses collaborateurs, tel que Le Corbusier.
Lors de leur première rencontre, celui-ci annonce : » Ici on ne brode pas de coussins », signe de la place de la femme en 1927.
Elle a à l’époque 24 ans et ne se laisse pas impressionner.
Fraîchement diplômée de l’école des Arts décoratifs de Paris, Charlotte a déjà récolté les louanges de la presse avec sa création avant-gardiste du « Bar sous les toits » dans son appartement. Elle y développe, un espace convivial entièrement ouvert, une ode à l’art de vivre, composé de matériaux novateur issus de l’automobile.
A l’époque où la plupart des habitations bourgeoises étaient surchargées de décorations, de meubles en bois travaillé, de murs tapissés ; Charlotte surprend en proposant un petit espace aux murs épurés, modernes, fonctionnels et éclatants, réalisés notamment en tube d’acier chromé, tôle, aluminium anodisé et cuir, pour un résultat luxueux et décontracté.
Le Corbusier et son cousin Pierre Jeanneret réalisent que la jeune femme n’est pas seulement capable de concevoir du mobilier, elle est tout à fait capable de le faire réaliser. Ils l’engagent en 1927 pour leur section mobilier.
La chaise longue LC4 – Siège culte de l’histoire du design
À une époque prompte à effacer le nom des femmes, la chaise longue sera attribuée à Le Corbusier.
Il aura fallut attendre 2010 pour qu’elle soit reconnue comme la création de Charlotte Perriand.
Le Corbusier lui donne 9 esquisses et lui demande d’élaborer le mobilier qui répondra à ses besoins.
Avant-gardiste pour les années 20, cette chaise longue basculante est inspirée du rocking chair de Thonet et de mobilier médical, représente la philosophie même de Charlotte Perriand : « L’important ce n’est pas l’objet, c’est l’homme ».
Bien qu’ayant une esthétique reconnue aujourd’hui comme exceptionnelle ; ce siège est avant tout fonctionnel, suivant la courbe du corps pour apporter un maximum de confort au quotidien. Réalisé dans des matériaux propres à l’aéronautique et l’automobile, cette « machine à repos » est un mobilier au service de l’homme et non du paraître.
Elle dira : « la belle détente c’est s’allonger la tête sur mon sac à dos et les pieds sur un arbre. »
La naissance de la cuisine ouverte
Dans une de ses interviews, elle dira:
» La femme travaille et la transformation de la cuisine devient une question d’évolution sociale et d’évolution de la condition de la femme qui veut se libérer… pour la libérer, il y a deux manières;
une c’est l’équiper, l’autre, c’est l’intégrer dans une idée de fête et non pas dans une idée de corvée.
Il ne suffit pas d’être seulement matériel, non, il faut vivre avant tout!«
C’est la cuisine ouverte de la cité Radieuse à Marseille (1947-1952) qui verra l’éclosion de ce nouveau concept.
Ce principe de cuisine-bar puise ses sources dans le projet de la cuisine Travail et sport de Charlotte Perriand créée en 1927 et fait la synthèse des différentes cuisines ouvertes que la créatrice a conçues auparavant : maison Loucheur en 1928, maison au bord de l’eau en 1934, chalets de 1936 et 1937.
La vision de Charlotte Perriand sur la femme au centre du foyer et non pas reléguée dans un coin à ses tâches ménagères, est à l’œuvre dans cette cuisine où tout est étudié au plus juste.
- Ouverte sur le living pour intéragir avec la famille et les invités
- Conception en carré : d’un simple pivotement, tout est à portée de main
- Sol en linoléum pour un entretien aisé
- Meuble bar qui aide au passage aisé de la vaisselle
- Portes coulissantes silencieuses
- Un comptoir surélevé par rapport au plan de travail pour caché l’éventuel désordre en cuisine
En résumé, on peut ressentir à chaque moment de sa carrière (et on ne vous en a donné qu’un petit aperçu), que Charlotte a été porté par sa citation « Le sujet ce n’est pas le bâtiment, c’est l’homme qui est dedans. Comment va-t-il vivre ? » et c’est l’essence même de notre travail.
Nous rêvons comme elle d’un monde meilleur pour l’avenir et d’y apporter notre contribution. Repenser l’habitat d’un monde en perpétuel changement et améliorer la qualité de vies des hommes plus simplement.